Pådje:Annuaire de la Société liégeoise de Littérature wallonne, 1895, vol. 15.djvu/150

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Cisse pådje ci a stî coridjeye ey est l’ minme ki l’ sicanaedje.
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Parlons-nous jamais ici ou le patois d’Ostende, ou celui de Gand, ou celui d’Anvers, ou celui de Hasselt, ou celui de Bruxelles ? Avez-vous jamais entendu un Bruxellois dire ici : « Klasj op â koôk » ou « Doed â mousj af ? »[1] (Longue hilarité.) Pourquoi venez-vous nous parler ici de « gouvernemint » et d’ « amindemint » au lieu de « gouvernement » et « amendement » ?[2] Ne vous donnez plus pareil ridicule. Nous nous en couvririons de même si nous suivions votre exemple[3].

Sachez donc, une fois pour toutes, que, loin d’être restée ou de n’être encore qu’un patois, la langue néerlandaise est plus ancienne que le français[4]. Nos pères ont écrit, dans cette langue, des chefs-d’œuvre et notamment le fameux Reynaert de Vos, remontant à 1170 : chef-d’œuvre alors, chef-d’œuvre aujourd’hui, chef-d’œuvre dans tous les temps ![5] Le français n’était pas né sur les bords de la Seine, que déjà nous avions, en Belgique, une littérature flamande comptant des chefs-d’œuvre. Et cela n’a jamais cessé : chaque

  1. C’est moins que du patois ceci, c’est de l’argot.
  2. Quel toupet pour l’admirateur des statie et des administratie !
  3. Vous y avez certes complètement réussi. (Voir notre article sur le Flamand aux Chambres dans le dernier Annuaire.)
  4. C’est comme si l’on soutenait que la poule sort adulte des entrailles de sa mère pans passer par l’œuf.
  5. Et surtout chef-d’œuvre local.